Comme un oiseau perdu

Je me revoie encore planté la, sur le quai de la gare. A attendre ce train qui ne viendra jamais. Au milieu de la foule, à lancer au hasard, comme un oiseau perdu, quelques tristes pensées.

Mon amour, je sais bien qu’il est tard. Au céleste la lune a poussé. Comme une fleur de lumière qui brille dans le noir, comme un phare de diamant qui éclaire la jetée…

Je me revoie encore assis là. A deux pas de la plage. A retenir la bruine à  mes yeux épleurés. A guetter dans la nuit, le mirage loin au large, d’un bateau à l’ivresse fanée. Une voile blanche dans l’écume qui aurait fait naufrage, quand le temps des amours est passé. A se dire sans doute, qu’il serait bien dommage, de ne pas vouloir s’y noyer. Pour laisser  à la terre, comme un dernier hommage, une larme de pluie sur les joues de l’été…

Mon amour je sais bien  qu’il est tard et qu’au dehors l’hiver a fané, les souvenirs que l’on garde en mémoire… Les petits bouts de toi, les effluves noyés, de nos cœurs aux battants illusoires… Tu sais bien mon amour qu’on ne gagne jamais. Que toujours à la fin viens le noir,comme la brume sur la plaine gelée. Et qu’on laisse le vent prendre avec lui l’espoir, d’y croiser au hasard plus qu’un peu de beauté.

Mon amour au revoir, sur la tombe les fleurs ont poussées. Et je glisse au néant quelques mots désespoir, quelques phrases aux murmures endeuillés, qu’un beau jour nous pourrions nous revoir…peu importe la rive…peu importe si le temps a filé sur le fil du rasoir… mon amour lui ne mourra jamais…