Les comptes d’un pourfendu

De mythologies et de religions, il n’en est pas qu’une. Subtils dérivés de la seule vérité (Grecque évidemment, permettez mon existence d’en attester) elles offrent aux hommes désœuvrés une sagesse populaire porteuse de signifiants, des béquilles pour tous ceux qui ont bien compris que l’imbécile est un pauvre homme sans outil. Que vos croyances soient réalités ou miroirs déformants de vos ambivalences, qu’importe ; elles ont le mérite d’apporter le miel des butineuses à votre condition mortelle.

Les Hindous, fervents adorateurs de castes clivantes, nous donnent un exemple dédié à l’amour, aux relations hommes-femmes. Pour eux comme pour nous, les androgynes déchus se débattent à la recherche d’une moitié perdu, un idéal de complétude qui ne sera atteint qu’après de nombreuses vies.

Ainsi, il y a 4 grandes familles d’âmes féminines : mères, amantes, inspiratrices, guerrières. En juste reflet, une symétrie que tout oppose et recompose, 4 familles d’âmes masculines : agriculteurs, voyageurs, spirituels, guerriers. Ils semblent croire que le seul couple durable et heureux soit « Mère-Agriculteur ». Alors que la permanence de la simplicité est une frustration pour tous les autres, ils s’épanouissent dans des lendemains certains. En malédiction sordide, toute autre combinaison est vouée à l’échec, à la frustration, à l’instabilité.

Pourtant, ce couple idéal de la Mère et de l’Agriculteur n’est qu’une triste imitation de la véritable quête de l’Androgyne, une malédiction qui empêchera l’âme de s’élever. Elle s’éloigne de son étoile, se rabougris et régresse avant de se réincarner en crapaud ou en fraise des bois.

 

C’est dans la conscience de son incomplétude, dans la souffrance de la plaie qui la pourfend que l’âme s’élève. Alors, après des vies entières de turpitudes, elle est enfin plurielle. Telle une boule multifacette dans une soirée disco hurlant un Claude François électrisé, la brillance d’une âme éclate sous les sunshines de toutes ses familles. Au fil des réincarnations et des expériences, elle s’est parée des couleurs d’une vaste palette de nuances.

La mère, tendre et vache, n’est autre que l’amante inspirant la force des victoires ; l’agriculteur, droit et fier, un explorateur des mondes invisibles où il puisera l’ardeur du combat. Lorsque deux de ces âmes se rencontrent, bénies des Dieux, elles reçoivent en récompense une jolie petite poussière d’étoile à élever, ensemble.

Mais ceci est rare.

Généralement, une « âme plurielle » cherche son reflet durant une éternité de larmes. Alors, au fil des pertes et des châtiments, des espoirs et des illusions ; bâillonnée, pourfendue, elle devra choisir chaque jour entre vivre courageusement son insatisfaction ou renoncer à sa pluralité, rejoindre le clan de castées à cet ancestral télé crochet. Alors, le yoyo cosmique battra son plein. Une vie pour tenter l’aventure, briller de mille feux, éclater en pleine lumière, être salie, rejetée, incomprise. Dix vies pour s’en remettre, occuper sa place dans des familles étrangères certes mais bien en place, sentiment d’appartenance qui cautérise la plaie béante, qui transfuse le condamné jusqu’à ce qu’il ait retrouvé, enfin, son agonisante moitié.

6 commentaires

    1. Juchée sur les épaules de géants, elle regardera le jour naître vers l’Orient et la lumière mourir sur l’occident; sereine, remplie de son propre vide.

      Reconnaître un miracle demande de la place; comme le papier qui ne pourra révéler l’image que s’il est vierge. La Terre n’est plus au centre de l’univers et la blessure narcissique devra se refermer pour que chacun puisse recevoir son histoire.

      Pour savoir qui est votre moitié? Il ne faut pas avoir besoin d’elle. Alors, quand le hasard ou la destinée la placera devant vos yeux ébahis, vous saurez la reconnaître.

      Pour recevoir, il faut avoir la place d’entreposer.

      https://www.youtube.com/watch?v=ce4IKWoQ1ts

  1. Mais si nos yeux sont ébahis n’est-ce pas juste un leurre de l’image du masculin, l’homme glorifié rendu héroïque qui a piégé la femme, la soumise à l’admiration ? Il faut sauver jesus du sacrément des clous et faire redescendre Dieu sur terre. Il faut se barrer de la masse endoctrinée, je dis non aux spéculations. Non à la consommation de masse de l’humanité fantasmee. Disons oui à la terre, à la vie et au présent. Unisssons nous pour cette fin de manifeste, et abolissons enfin les frontières des dominations. Que tout ensemble nous chantions oui enfin la poésie populaire qui nous sauvera. #vivelafraterie ☝️

    1. Un leurre de l’image, tout court, cher ami. Masculin et Féminin se disputent Vices & Vertus. Tour à tour Victimes, Bourreaux, ou Sauveurs. Il y a beaucoup de « il faut » dans ton enthousiasme vieux frère, mais je vibre à l’unisson de ta conviction. #Harmonie

    2. Je suis déçu de trouver des fautes dans cette prose qui par ailleurs respecte les thèmes et les préoccupations du moment, ce qui pourrait montrer qu’elle n’est pas usurpation de nom… Non d’un non. IL FAUT se relire. #etnonauxhashtags tous vieux frères et vieilles soeurs d’une humanité asexuée

  2. Alors semble-t-il, sortis de l’autoroute nauséeuse gelée par son propre mepris, certains voyageurs bâtisseurs emprunteraient ce chemin de traverse ?
    … À la bonne heure, j’aime le chaos des petits sentiers sauvages 🙂

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