Ligne droite ou courbe sans fin?

Je ne suis pas né fille, mais homme. Descendant de monstres d’eaux. J’ai surgis des profondeurs, attiré par cette soif d’air que mon origine étranglait. Déguisé sous les écailles de mon père, portée par les ailes de ma mère à passer de la terre à la Lune. Femme des nerfs des marées et mari de l’écume des nuits. Petite fille de Gaïa. La chair de ma chair en descend. Qui sont ces fous qui taisent le saccage que provoque l’avidité des foules ? Retirée des carambolages des villes, je me repose au pied d’un arbre, dans l’ombre de ses feuilles vierges et écrivant de mes vœux ses nervures. Euryale se réveille. Il est déjà dix-sept heures. Le soleil est encore haut dans le ciel. Lui qui ouvre les yeux après des siècles à s’être assoupi, le temps d’un rêve. Les hommes sont donc déjà allés si loin, déjà. Quel est cette soif qui les empêche de rester cloitrés dans le calme d’eux-mêmes? La musique attire le corps quand le silence le repousse. Euryale, soeur de méduse, sait entendre et lire dans l’oeil des foules. Elle qui s’en est éloignée pour voir ses agissements.

Peb

J’ai observé l’humain et ses tourments du fond des mes océans
le temps s’écoule autant que mes joues s’inondent,
ma malédiction devait-elle se mêler à leur destin ?

Une ligne droite ou une courbe sans fin
Une route sûre ou un joli chemin

J’ai erré quelques siècles autour de leur monde,
malgré le vice des hommes
malgré la folie en somme
aujourd’hui je change la donne

Si mon immortalité est sagesse
c’est de s’attarder sur la bienveillance
chaque geste emplie de douceur,
et moi je noie le malheur !

Une main tendu, une seconde chance
quelques gamins occupé à faire le bien
je le vois, j’y crois …
et mon âme entraidera l’humain parfois

 

 

 

Je regardais le monde, du fond de mon enfer
et méprisais la ronde, tant j’en avais souffert
Lui qui se pavanait de ses milles beautés
quand dans mon immortelle, d’un regard je pétrifiais.

Je jalousais ma sœur de sa tête perdue
alors que mon horrible jouissait d’éternité
les amours resteraient à jamais défendus
pour moi, Euryale, à l’abysse condamnée.

Bien sur, même mon mythe est peu documenté
puisque jamais personne ne survie à ma vue
mais là, dans l’ombre, j’ observe par le jour aimanté
et repoussée sans cesse, nos mêmes pôles m’ont déchue.

Depuis l’aube des jours, je suis femme de solitude
épouse dévouée à l’absence des aimés
mon foyer ne côtoie comme poids des habitudes
que l’atroce quotidien des amours opprimés.

Je suis Euryale, Gorgone oubliée
et pour l’éternité seule dans mon soulier.

 

 

Je suis l’heureux qui râle sur la rieuse hâlée. Je la regarde de loin, pourvu qu’elle ne me voit. Encore conne, le cœur gone, je désire la gorgone, aussi laide soit elle. Tu m’attires Euryale. La peur que tu m’inspires me remplit du désir de dompter les serpents. Aime moi et montrons aux vautours que nous sommes l’ amour. Deviens donc ma belle et moi je serais ta bête. Euryale je suis en feu, que dis- je je suis en lave, mon amour a fait fondre la pierre née de ton regard.

 

 

Comme un monstre sur cette terre
J’étais pas faite pour cet enfer

L’éternité n’est pas
Exactement ce que l’on croit
Toute une vie aujourd’hui
N’est qu’une perpétuité d’ennui
A rêver de grands soirs
Je me retrouve toujours à boire
A rêver de changements
Je me retrouve seule étrangement
Il faudra le construire
Il sera solidaire mon empire
Et s’il faut des années
Pour qu’une pierre soit posée
Je serai insignifiante
Mais peut être une lueur naissante
Qui sait peut être qu’un jour
On fusionnera et pour toujours

Ce ne sera plus un rêve
Dans les regards de femmes
Lorsque l’on parachève
L’égalité des âmes