Quel est donc ce défi venu souffler un peu d’audace à la gueule de Méduse !
Resituons l’action: Méduse est une Déesse, mais pendant 10 ans, elle s’est appliquée à se conformer à la vie des hommes. Son identité s’est lentement, mais sûrement, laissée pervertir par des normes, des codes, des règles, des attentes, d’une collectivité en plein sprint dans la course à la modernité. Lorsqu’elle prenait le risque de partager avec quelques mortels ses souvenirs de l’Eden, ces derniers, moqueurs, lui faisaient valoir des points de vue nihilistes à la mode. « Dieu est mort, il n’existe pas ! » Malgré la beauté qu’elle savait encore voir, malgré la bonté qu’elle savait encore partager, malgré la grandeur que lui inspirait encore son coeur infini, Méduse a fini par renier une partie d’elle même, pour faciliter une nécessaire adaptation.
Nous sommes pourtant tous Unique. Sa nature de femme à l’empathie exacerbée lui a masqué les dangers d’un conformisme destructeur. Les bonnes excuses ne manquaient pas pour justifier son manque de courage, et donner à cette vie monochrome quelques raisons d’être. Comme ce fatal besoin de sécurité, par exemple. Le cinéma fut d’un secours non négligeable pour peupler l’imaginaire d’autres possibles et inspirer à Méduse l’envie d’autre chose. Elle s’est pourtant surprise à vivre par procuration à travers son écran, somnolant le reste du temps dans une mécanique bien huilée.
Reconquérir sa libre expression n’est donc pas chose facile. Pourtant, elle s’y emploie. S’émanciper d’un système pour créer son propre cadre de vérité prend du temps, ce qui est très frustrant à l’air de l’immédiateté. Elle s’est pourtant mis en route. Confronter aux habitudes de nouvelles connaissances, donnant l’injonction de changer, font naître de douleureux dilemes intérieurs: Censeur et Victime se disputant la Conscience. Elle les acte, non sans bataille, pourtant chaque jour un peu plus dans sa chair.
Si elle peut le faire pourquoi pas vous ? Et bien oui, petite expérience fragile, aussi éphémère puisses-tu être à l’échelle de cette immensité, n’as tu pas toi aussi ton rôle à jouer ? Le Poète a raison, il faudra grand labeur pour transmettre toute la richesse de ton musée, et rétablir vérités dans l’obscurité ambiante.
Et si, ce que nous prenions pour une vie fugace et vide de sens, avait un tout autre but ? Si Méduse sort de l’ombre, c’est biensûr par amour, mais pas seulement. Elle espère qu’en s’autorisant sa pleine expression, en libérant la Source tapie au creux de son ventre, elle s’aura inspirer d’autres anges qui s’ignorent, et transmettre les pépites du savoir qui font de la Vie un trésor.
Qui sait ce qui nous attend sur le chemin de l’épanouissement ? Dans son pays, la réussite fait peur, au point que l’on idolâtre avec fanatisme ceux qui la tente quand même, quand on ne les jalouse pas secrètement, de toute son amertume. Sur ce vieux monde, on pousse même le vice à nourrir l’esprit de compétition, se positionner dans la concurrence, et partir à la conquête. Quelques peuples se rappellent pourtant que les Lois Universelles de la Nature ne fonctionnent pas sur ce principe. Sans collaboration, il n’y a pas de création, il n’y a pas de vie, il n’y a pas de croissance.
« Ils voulaient t’enterrer, mais ils ne savaient pas que tu étais une graine. »
Au fil de l’eau, des plumes et des merveilles, les Gorgones (et toutes cousines mythologiques rencontrées en chemin) vont diffuser de la connaissance, composer du lien, éclairer des espaces.
L’océan est vaste, le ciel aussi, ma toile ne fait pas exception.
A tout à l’heure.
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