Demain la vie

Voilà méduse, ma contribution est sur tes rivages. Bonne réception. À ton étoile !

Vivre c’est plaquer ses lèvres contre les lèvres de la lèpre elle même
N’es tu pas mort toi aussi avec la cavalerie polonaise qui chargea contre les chars hitlériens?
Vivre c’est déchirer le masque et découvrir derrière
Un deuxieme masque
Celui là, qui sourit. Ironique. Vainqueur.
N’es tu pas mort aussi avec cette femme qui ne pensait qu’à chanter en étendant des linges de couleur
Quand le vent s’est levé
Cette femme qui vivait, seigneur! À Haïti, à Saint-Martin, à la Nouvelle Orléans, sur les plages philippines!
Vivre c’est allumer son âme au pétrole
Sous peine qu’elle s’éteigne
N’as tu pas serré dans tes bras les plus folles chimères, quand tu fus Jack London, ou Charles Baudelaire?
Vivre est une drôle de soupe au caillou
Quand on passe de facture en facture
Qu’on lace, qu’on délace éternellement ses chaussures
Qu’on enlace rien que du vide, un vide sculpté, recouvert des mille visages de mille etres aimés dans le plus grand secret

Oui tout cela c’est vivre, c’est vrai.
On ne triche pas avec la vie. Une bouteille de rouge ne change rien au tableau quand on est dégrisé
Dans vivre il y a de la place pour la douleur du monde entier
Il y a de la place pour tous les drames injustes
Pour tous les enfants sacrifiés
Toutes les femmes mal aimées
Tous les hommes brisés, toutes les bêtes blessées
Toute la rage du chien
Toute l’amertume du cyanure
Des cargos pleins de « attends! » Sans réponses
Des caisses de champagne bues par des salauds
Des années de crétins aux affaires culturelles
Un garçon qui regarde sans comprendre son fusil
Et puis Charles de Foucauld
La vie est mauvais marché
Dreyfus est en prison pour toujours
La guillotine tombe sans relâche
Les vikings brûleront tous les monastères du monde
Un coq de bruyère hier s’empoisonnant avec du polystyrène
Fut traduit en justice par dessus le marché
Le marché
Le marché

La vie est mauvais marché
N’en jetez plus tout est compris
Tout est assimilé
Tout est acculturé
Tout est acoquiné
Demain je retournerai ma langue 7 fois dans la gueule du loup
Demain j’accepterai l’étreinte de l’ours, un couteau entre les dents
Je mangerai les raisins de la colère
Il y aura du vin coulant à la commissure des lèvres de mes guerriers
Et nous descendrons sur toutes les capitales de toutes les nations
Griller les fétides cervelles des enfoirés ignares qui nous promènent en bateau depuis notre naissance
Nous boirons le vin des Noces cent jours durant
Nous mettrons hors la loi le fil barbelé
Rendrons l’Amérique aux Indiens
Retrouverons l’Atlantide

Ô…
Gravir la montagne chaque jour et graver chaque soir dans ses flancs
La seule promesse qu’il nous faut honorer
Qui nous mène de force sur un sentier de combat
La promesse qui contient toutes les autres
Qui fait trembler les ordures
Et fuir les lâches:

Demain la vie
Demain la vie
Demain la vie!

Se coucher avec ce mords aux dents
Se lever avec cet aiguillon
Je me suis promis de vivre
Une telle promesse n’accepte aucune concession aucune
Compromission
Avec mes ennemis
Demain la vie!