Dans son livre « A first-rate : Madness » Nassir Ghaemi fait la promotion des troubles mentaux ; oui, vous m’avez bien lu ! Si vous êtes parfaitement saine d’esprit, que puis-je vous dire, tant pis pour vous et évitez de lire ce qui suit, sous peine de finir, si ce n’est dépressive, en tout cas dégoutée par mon humble contribution.
Sinon, à vous qui êtes au choix : maniaque, obsessionnelle compulsive, à tendance dépressive, limite bipolaire, cyclothymique, hystérique ou autres (je ne suis pas sectaire…) ; cet article est fait pour vous !
Le livre de Ghaemi montre comment, dans les sociétés en crise, le salut vient très souvent de personnes qui ont des troubles mentaux. Pourquoi ? Une crise est l’échec d’un mode de pensée majoritaire. Les gens « normaux » ont opté pour une idée, pour une structure sociale ou plus globalement pour un mode de fonctionnement et celui-ci est obsolète et échoue, tout simplement.
La réaction logique et normale à l’échelle individuelle est d’en prendre son parti, de tenter de faire avec, de sauver les meubles. Celui qui a un trouble mental a donc ceci de précieux : il pense différemment, il apporte des alternatives. Le livre reprend les exemples de Gandhi ou de Martin Luther King, grands maniaco-dépressifs ; de Churchill, gros paranoïaque, de Kennedy, limite bipolaire et totalement obsessionnel et de bien d’autres.
Quel plaisir ce fut pour moi de voir s’ériger en loi du standard absolu, mes plus secrètes déviances !
Créativité :
Connaissez-vous une œuvre intéressante dénuée de folie ?
Le processus créatif est fondamentalement en dehors de toute rationalité. Créer, c’est partir de rien ou au mieux, de l’idée pour donner quelque chose d’inutile concrètement. Quoi de plus inutile que l’art ? Quoi de plus nécessaire que l’art ?
Je crois que toute création est issue d’une peur : peur de mourir, peur de ne pas être vu, peur de garder au fond de soi les démons remuants d’un passé mouvementé. La créativité est donc libératrice et pour se libérer, il faut avant toute chose avoir subi l’enfermement.
La création est donc un acte de pure folie tant il expose au grand jour ce que nous avons de plus intime et de plus torturé parfois, tant elle dénote d’un besoin d’expression viscérale et en dehors de toute convention, tant elle est concrètement gratuite et sans but.
Réalisme :
Qui peut regarder la réalité sans succomber d’effrois ?
Les personnes saines d’esprit possèdent un certain pragmatisme : « il se passe ceci, c’est à cause de cela. » Toutefois, elles semblent absolument incapables d’aborder la réalité, parfois sordide, tant la vie a de l’imagination. Seuls les fous peuvent avoir cette capacité de regarder le chaos de l’existence et de le reconnaitre. En ce sens, le gens sensés cherchent du sens là où il n’y en a pas, là où les choses « sont » tout simplement, sans aucune raison ni finalité. Le besoin de causalité de la personne saine la rend tout simplement impropre à aborder la complexité de la vie, à fortiori, en période de crise.
Le fou lui, ou à minima, celui que souffre d’un certain désordre mental est à l’image de la nature, de la vie et des évènements sociaux ou mondiaux : c’est un gros tas de trash artistiquement empilé les uns sur les autres et il ne cherche pas de logique ou de sens, car il sait, en son for intérieur que rien ne l’est réellement.
Empathie :
Qui est plus en mesure de comprendre la douleur ou l’errance d’autrui que le fou ?
Face aux déviances plus ou moins marquées, la femme parfaitement saine d’esprit rationnalise. Elle pense : « chaque problème a sa solution » et pour peu qu’elle soit surbookée entre son travail, sa chère et tendre progéniture et ses problèmes de couples, vous et vos états d’âmes à 3 balles, vous passez à la trappe.
Celle qui connait la vulnérabilité intense dans laquelle vous plongent les troubles mentaux n’a pas ce vilain défaut : elle a de l’empathie, car elle se souvient de ces crises de boulimie devant Friends, de son rapport frénétique à la Marie-jeanne ou des tous les mecs qu’elle a pu se lever pendant sa période de chaleur.
Elle a un rapport aux autres moins exigeant, plus compréhensif et plus doux que la femme parfaitement équilibrée qui n’a jamais eu à combattre avec ses vilains penchants.
Résilience :
La résilience est un terme emprunté aux sous-mariniers qui parle de la capacité d’un matériau à reprendre sa forme initiale après un choc. En psychologie, c’est la même chose, c’est la capacité à encaisser les coups.
Les femmes qui ont des troubles mentaux plus ou moins ancrés sont des guerrières accomplis. Chaque jour que Dieu fait, elles se lèvent de leur lit, elles montrent leur face au monde et elles avancent. Bon, il leur arrive de trébucher, c’est vrai mais elles sont indestructibles parce qu’elles sont habituées au combat rapproché et pour cause : elles sont leur pire ennemi.
Celles qui ont une tendance dépressive doivent se protéger en permanence pour ne pas sombrer, les maniaques sont toutes obnubilées par la pile de dossiers qui n’est pas en ordre, les obsessives gardent des idées fixes contre vents et marées, les bipolaires ont faim de tout jusqu’à la nausée et au rejet le plus total ; bref, on ne va pas leur en raconter, elles savent très bien que la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Les folles sont des phénix indestructibles, elles se remettent de tout.
Alors moi, je dis que c’est la fille parfaitement normale qui est à plaindre et j’en connais un certain nombre, de ces femmes fades et sans saveur qui traversent la vie en espérant que demain soit un autre aujourd’hui. Ces femmes qui gèrent leur future et leur famille comme une petite entreprise bien huilée et où rien ne dépasse.
Franchement, la normalité vous fait toujours envie ?
Changez de site 😉