Je suis en train de lire le dernier livre de Gounelle : « Le jour où j’ai appris à vivre » et une idée a particulièrement attiré mon attention tant elle simplifie des ressorts scientifiques sur lesquels j’appuie ma pratique habituellement.
Pour faire simple, disons que nous avons trois cerveaux : instinctif, émotionnel et rationnel. Depuis l’aube de l’humanité, les spirituels les localisent au niveau du ventre, du cœur et de la tête et nous avons récemment découvert que nos intestins et notre cœur possèdent eux aussi des neurones interconnectés par le réseau nerveux.
A croire que les Sufis, Chamans et autres adeptes de la divination avaient effectivement deviné ce que la science prouve à présent.
Bref, ces trois dimensions font appel à trois parties de nous, à la fois distinctes et connectées. Leurs motivations sont parfois (souvent ?) antagonistes et la guerre fait rage, l’un dit « blanc » et l’autre dit « noir ». Mais au-delà de la notion de conflits entre les différentes parties de nous-mêmes, on retrouve aussi la notion d’équilibre.
Les enfants ne sont qu’instinct, les jeunes ne sont qu’émotion et les adultes font leur petite recette personnelle.
Le cerveau instinctif correspondrait aux besoins vitaux et aux rapports de forces entre les individus. L’estime de soi en fait partie, tant la justification identitaire est un besoin primal et instinctif. Une personne profondément guidée par son cerveau instinctif est insatiable ; elle en veut toujours plus. En quête perpétuelle, elle est affamée de reconnaissance, consomme comme un ogre poussif tous les plaisirs et toutes les opportunités. Cette partie de nous peut-être un puissant vecteur de motivation sociale : gagner de l’argent, paraître fort et dominer ; ou au contraire une invitation à nous soumettre aux leaders, à trouver un clan, à adhérer à un groupe. Le cerveau instinctif a peur d’être seul et il repousse l’idée de la mort.
Le cerveau émotionnel serait le siège de nos gouts, de nos valeurs et de nos motivations conscientes : aider, être libre, créer, être optimiste ; quelques exemples parmi tant d’autres de ce que notre cerveau émotionnel peut défendre par ces actions et par ces opinions. Lui aussi peut avoir besoin de liens, mais alors que le cerveau instinctif utilise l’autre pour définir sa place, le cerveau émotionnel cherche un rapport équilibré et serein pour construire, rire, partager. Cette partie de nous centralise des motivations fortes et pérennes, mais colore la réalité au prisme de nos attentes et de nos croyances. Profondément automatique, elle a tendance à reproduire à l’infini des schémas inadaptés aux nouveaux paradigmes et nous enlise dans l’incompréhension : « Pourquoi cette stratégie de comportement ne fonctionne plus alors qu’elle fonctionnait très bien jusqu’alors ? » Le cerveau émotionnel est totalement centré sur soi et ne regarde pas objectivement le monde qui continue de tourner. Cet égocentrisme ferme la porte des possibles et tels des boucs enragés, nous invite à nous taper sans relâche la tête sur une porte fermée à double tour.
Le cerveau rationnel nous permettrait d’analyser une situation avec distance pour en extraire des informations utiles et nécessaires à notre raisonnement. Détaché de l’instinct et des émotions, le cerveau rationnel collecte, décortique et analyse pour livrer une conclusion logique et pragmatique. Le siège de notre rationalité, c’est le territoire préfrontal qui bénéficie d’un circuit neuronal spécifique : alors que tout le(s) cerveau(x) sont câblés en série, le préfrontal montre une arborescence bien plus riche, ce qui facilite la circulation de l’input, l’information entrante. Cette partie de nous est toutefois dénuée d’affect et la pensée trouve ses propres limites, celle de la condition humaine…
Les adultes que nous sommes devenus privilégient toujours un de ces trois cerveaux selon les situations ou les étapes de vie. Il est évident que nous ne sommes pas dans le même territoire quand on fait l’amour, quand on fait la fête avec des amis ou quand on fait une présentation PowerPoint à un rendez-vous d’actionnaires… Vous m’avez comprise !
Nous pourrions être tentées de dénigrer une de ces parties : l’instinct est primitif et pulsionnel, l’émotion est handicapante, la rationalité est ennuyeuse… Ce serait pourtant une grave erreur, car elles ont toutes leur utilité et leur besoin d’expression. C’est un écosystème global et pour vivre une vie équilibrée et réjouissante, nous devons les accepter et les nourrir de façon équitable.
Comment, à ce jour, vous honorez ces trois parties de vous-même ?
Quelles sont les situations et les actions concrètes qui vous permettent d’exprimer telle ou telle partie ? Afin de se connecter à ce que nous sommes sincèrement, dans ce que nous pouvons avoir de ville ou de grandiose, nous avons toutes besoin d’un équilibre, et maintenant, c’est à vous de faire en sorte de le créer !
Bon courage 😉