J’ai déversé mon coeur sur l’agora

Bon voici un petit quelque chose pour tenter surtout la contrainte et s’amuser un peu aussi, je dois le reconnaître !  Bonne lecture 😉

J’ai tué les muses, comme on t’a mise à mort. J’ai déversé mon coeur sur l’agora de toutes les cités, là où les peuples font les pays, j’ai déversé mon coeur amer sur le savoir, la culture et la plume des poètes. J’ai assassiné la culture de ceux qui les vénèrent, comme unique femmes à l’origine du monde. Les muses ont déjà tant volé de temps aux pauvres rêveurs, elles ont osé donner au monde un semblant d’irréalité pour faire des frères de coeur des tueurs sanguinaires. Il y a pas de frères sur les champs de bataille, si ce n’est dans les poésie qu’elle nous ont imposé. Et tout le peuple grecque croit qu’on peut trouver du beau dans l’immonde humanité. Que de souffrance mensongère ! Que de pauvreté du coeur dans les yeux des enfants ! Ça fait rire tout Rome quand on raconte la grandeur des guerriers ! Les tueurs de monde ! À moi aussi on a volé la vie, on a volé une âme avant de l’avoir donné. J’enrage d’avoir la faiblesse de me vouloir humaine quand j’ai l’éternité pour champs de liberté. J’enrage d’être solitaire quand les couleurs se liguent en un faisceau pour inventer la lumière ! J’enrage d’un regard laid quand la belle Hélène a mis le feu la mer Egee pour un amour désespéré. Mais hélas, dès la naissance on a construit pour moi un empire de laideur, de la tête aux pieds un enfer de chair pour jamais trouver la paix des beautés mortelles. Et quand bien même j’ai vécu avec ce fardeau infâme, sans les pouvoirs d’un bien être, on a brisé mon espoir en rependant mon sang, celui des liens du coeur, celui du bonheur des familles. Alors oui j’ai tué les muses qui font les hommes de lettre, qui font magie des mots dans la bouche des héros. J’ai égorgé la beauté pour propager le vulgaire, montrer au monde entier l’horreur de la misère. Arraché le coeur des artistes, effacé les mémoires des pithies, volé l’horizon des rêveurs et meurtri les joueurs de tambour. J’ai sonné la tempête, initié la fin de tout les Apollon, des Dionysos et du mont Olympie. J’ai ouvert les enfers dans la tête des faiseurs d’univers car il n’y a pas de places pour les horreurs dans le coeur des hommes. Sans les muses au dessus du berceau, j’ai vidé l’humanité de sens. Comme on m’a repris le mien en mettant à mort ton regard de pierre. Que cette injustice vengé de colère soit le règne d’un autre rêve sans douleur. De la muse à mort je fais règne du tien. Je fais maîtresse des temples anciens la gorgone renaissante.

 

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