Vieux clocher

Est il encore permis de regarder un match de Foot sans subir les sarcasmes ?
Est il encore possible d’aller en discothèque sans se faire mépriser ?
Est il encore imaginable de s’imprégner du silence d’une cathédrale sans subir le cynisme ?

Ou bien…

L’heure est elle aux fantasmes ?
L’heure est elle à blâmer ?
L’heure est elle aux égocentrisme ?

Moi c’est l’heure où je bois mon rosé « Vieux clocher ».
Il est fait au mont Ventoux. Ca tombe bien paraît que tout est à vendre…

Il est à vendre celui qui ne te ressemble pas. Ou bien il est déjà acheté.

Vendu qu’il est celui qui regarde le match dans son bled. Ah ouai sûr qu’il cautionne les millions du Barça.
Vendu qu’il est celui qui écoute les DJ. Ah ouai sûr il mettra son pognon pour Ibiza.
Vendu qu’il est celui qui prie. Ah ouai sûr la quête c’est pour la pédophilie.

Putain ce qui est vendu c’est le respect.

Tu sais gamin (enfin j’dis gamin j’devrais dire à l’âge des premières Smirnoff) j’me rêvais punk à chien. Y’aurai eu que moi et mes idées. Putain j’aurais pas été emmerdé. J’me serais construit un monde à moi tout seul. P’être bien que j’aurais cherché la petite monnaie comme on cherche dieu. Mais je crois que c’est rien d’autre que des cathédrales en canettes que j’aurais maintenant.
J’dis pas que je renie celui là. Dans le fond j’y suis sans doute encore. J’t’écris ces lignes dans une chambre blanche sans décors. Mon décors c’est l’humain qui traîne dans le salon d’en bas. Pis j’dis seulement que c’est « chez moi » quand on jette des canettes sur le mur du garage… Mon chez moi invisible c’est encore ce punk à chien….
Mais un jour gamin j’ai du voir l’humain en chemin.
J’ai dû voir des yeux qui n’avaient besoin que des miens.
J’ai dû voir Serge qui m’disait d’aller acheter ses clopes, son pastis, son PMU. Y me faisait chier avec ses chevaux toujours mal placé. Putain je les aurais pris en bonbons ou en bière les thunes du PMU. Putain c’était l’époque des vodka dans les garages pas des PMU.
Pis un jour Serge a eu les poumons goudron, pis comme les chevaux, a sauté la dernière haie.
Pis que d’un coup ça comptait plus la thune PMU. Qu’il me manquait juste quelqu’un pour partager l’humain.
Bien sûr chagrin a été assoupi par les sourires des copains.
Mais que toujours me remonte aux yeux mon Serge.
Comme la marée reprends toujours la berge.
Tu sais, lui, il se servait des bonnes doses de Pastis et moi il ne me servait que des momies parce que j’étais trop jeune. Aujourd’hui la momie ce n’est plus moi, c’est lui. Et qu’elle est en moi son immortalité. Et jamais je n’y renoncerais.

Ben ouai je pourrais dire que son argent il l’a claqué au profit du PMU boursier.
Ou qu’il a été baisé par les mirages du gain-publicité.
Oh sûr on pourrait l’insulter.

Partout l’insulte. Partout le mépris.

Y’a trop de gens qui vivent en moi.
Y’a trop de mort dans mon vivant.
Chaque insulte m’estropie.
Y’en a qui doivent se sentir vivant d’attaquer.
Moi j’me sens vivant de protéger.
Et pis la mort elle prends beaucoup plus qu’elle ne laisse tu sais.
Alors faut toujours prendre soin des souvenirs. Pis des vivants.

J’crois que j’peux plus.
J’crois que j’peux plus dire mort aux cons.
J’crois que j’en peux plus qu’on souhaite la mort.

Je suis un punk à chien qui n’arrive plus à dire mort aux banquiers.