On peut bien chialer dans les bars de Pontarlier,
Répéter des bêtises à des statues usées
On peut boire et reboire jusqu’à être explosé
Ou chercher un chemin sur un corps étranger
Le lendemain, toujours, il nous faudra poursuivre
Un quotidien bancal, construire et reconstruire
Des gestes auxquelles il faut offrir un horizon
Essayer, échouer, peut-être tourner en rond
Comme un monde, une planète, sous les feux d’un soleil,
Se résigner de vivre, alors, viser le ciel
En chansons, en images, trouver du beau partout
Le créer, l’échanger, cultiver le bon goût
Planter dans le béton un magnifique platane
Pour en manger les fruits, pour se faire une cabane
Pour mettre des obstacles sur les routes marchandes
Reprendre les armes encore, l’histoire nous le commande.
Il faut transformer sa maison en maquis
A ce Soudanais qui, venu par l’Italie,
A peut-être fui la guerre ou juste un paysage
Barré par la misère et les mauvais présages.
Derrière la statistique, regarder l’être humain.
Notre travail, aussi, voudrait s’enfuir au loin
Du commerce, de l’argent, des concurrences raides
Briser les hiérarchies, éviter que possède
Un connard d’un gratte-ciel, un pouvoir indécent
Sur des pauvres exploités, dans des tours, survivants ;
Sur des grecs malheureux, privés d’avoir une vie ;
Sur une nature grandiose pillée pour du grisbi.
Il y a d’autres rêves que celui de l’argent,
D’autres chemins, aussi, que les tranquillisants
Et d’autres livres, enfin, que ces vétustes bibles.
Il faut écrire nos vies, nos rêves pris comme cible.