Sous l’epiderme, le fauve

Crocs, griffes et couteaux !
Sous l’epiderme, le fauve.
Affamé par le parfum des mots,
Je sors de ma cage de fumée mauve.

Dire ce qu’on a sur le coeur
Sacs poubelles ou bac à fleurs
N’est pas chose facile
Le sourire en faucille.

Je me souviens, il y’a deux heures
Dans le métro et ses heurts,
Un enfant bicéphale
Avec un regard qui se fane.

Il était tout près de moi
Cerveau branché sur l’au delà
Dans ses orbites, deux grandes piscines
Où la tristesse prenait racine.

Mais l’enfer n’était pas là,
Dans ce petit crâne, ses entrelas
Il était tout autour, dans le vide
des humains rivés sur leurs rides

Leurs tracas du quotidien, mélancolie de bazar,
les rendaient aveugles à la beauté de ce phare
qui irradiait, de sa simple présence
le wagon, de sa belle différence.

Il était blond, il était beau
Il sentaient bon, tous ses défauts.
Il était frêle, calme et pensif.
Fier échoué, larvé sur un récif.

Alors, tortionnaires de notre enfer,
Responsables politiques, pantins amers,
Quand allez-vous changer efficacement le monde
Pour attirer les différents dans l’onde ?

L’onde du progrès, d’une France exemplaire
Qui saurait reconnaitre en chacun de nous son frère
Qu’il soit en fauteuil, impotent ou autiste
Laissons les eux aussi, être rois de la piste.

Le vieux félin a terminé de baver,
Il range ses lames émoussées
Dans le fond de sa gueule amère, maintenant clouée
Par tout ce qui tourne pas rond dans ton coeur, indigne société.

Tous les gamins du monde, charbon sur du papier
Tous les gamins du monde, le coeur ouvert pour l’estropié
Tous les gamins du monde, pour des demain moins noirs
Doivent intégrer les abîmés dans notre belle histoire.

Naïf et risible
Je retourne dans l’invisible